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Here is a short sample of my work.

L'escalade contemporaine : goût du risque ou passion de la... lecture ? Par Eric Deleseuleuc Modern-day climbing: a taste for risk or a passion for… reading? By Eric Deleseuleuc
(Article paru in Revue Agora débats jeunesse, n°11, 1998, pp. 65-72) (Article appeared in Revue Agora débats jeunesse, no. 11, 1998, p. 65-72)

Résumé : L'escalade est communément perçue comme une pratique aventureuse. Pourtant, l'observation des pratiques concrètes et l'interrogation des grimpeurs indiquent que la prise de risque ne fait pas partie de leurs jeux. En effet, les normes d'équipement et d'utilisation des falaises et des matériels d'escalade, ainsi que la force prescriptive des discours dominants ne permettent pas que les grimpeurs se mettent en danger. La chute au sol qui matérialise la prise de risque est, en effet, tabou. Par contre, les aléas de l'aventure s'expriment symboliquement dans les interstices d'une des modalités de l'activité qui privilégie la lecture " à vue " de la paroi. L'analyse des discours des grimpeurs montre comment ces derniers ont reconstruit, à l'intérieur d'une activité balisée et sécurisée, une authentique ouverture sur l'inconnu.

Abstract: Climbing is commonly perceived as an activity for the adventurous. But observing and talking to actual climbers indicates that risk-taking is not a part of their adventures. Actually, the standards of equipment and the use of cliffs and climbing gear, as well as the dominant discourse, do not allow climbers to put themselves in danger. The fall to the ground that appears to be the main risk is, in reality, a taboo. However, the hazards of adventure are symbolically expressed in the cracks of one of the methods, which favor reading over the actual rock face. The analysis of climbers’ discourses shows how they have reconstructed an authentic look into the unknown, in a controlled and secure activity.

L'alpiniste est, dans notre imaginaire, une des figures de l'aventurier moderne. Les chemins qui mènent vers ses conquêtes sont semés d'embûches et d'obstacles qu'il doit surmonter au péril de sa vie. Non pas que son entreprise soit en elle-même hasardeuse mais parce que la " Nature ", dans laquelle elle se déroule, ne se laisse pas maîtriser sans aléas.

Aujourd'hui, une bonne partie des personnes qui pratiquent l'escalade ne sont plus des alpinistes. Leurs terrains de jeu ne se situent plus dans les montagnes, beaucoup d'entre eux n'y sont jamais allé et ne le désirent pas, mais sur les falaises et les structures artificielles d'escalade (S.A.E.) qui ont été équipées dans les villes et leurs proximités. Cette activité, connue sous l'appellation " escalade libre ", ne doit plus rien au hasard. Les grimpeurs ont, dans une large part, opté pour une approche rationnelle de la performance. Leur entraînement est géré grâce aux connaissances actuelles de la bio-mécanique et de la physique de l'effort, et leur style de vie n'ignore rien des apports de la diététique et des techniques de gestion du corps sportif.

En devenant une discipline sportive et en rationalisant les formes de pratique qui permettent de s'inscrire dans le système de la compétition normée et réglée (championnat de France, d'Europe, du Monde et volonté de participer aux Jeux Olympiques), l'escalade s'est éloignée des dimensions aventureuses de l'alpinisme. Le grimpeur ne met plus sa vie en jeu et ne prend plus de risques dans le franchissement des obstacles qui le menaient, naguère, vers l'inconnu des cimes inexplorées.

Ce rejet de la prise de risque, bien qu'il soit explicite, aussi bien de la part des grimpeurs que des institutions qui ont en charge le développement de cette activité , n'est perçu ni par le grand public ni par les chercheurs en sciences humaines qui persistent à considérer les grimpeurs comme des aventuriers de l'ère moderne qui donnent du sens à leur vie en la risquant dans des pratiques plus ou moins suicidaires . Or, s'il ne paraît pas im-pertinent de considérer l'existence de l'aventure en escalade libre, il semble qu'elle ne réside pas où on l'y attend.

The mountain climber, in our imaginations, is a sort of a modern adventurer. The paths that lead to his conquests are sown with hazards and obstacles that he must overcome by risking his life. Not that this is a hazardous task in itself, but “Nature” makes it even more so, as she does not allow one to master the sport without dangers.

Today, a large portion of people who climb are no longer mountain climbers. Their playing field is no longer in the mountains – many of them have never been nor have any desire to go – but on the artificial rock walls and structures that have been constructed in and around cities. This activity, known as “free climbing,” doesn’t leave anything to chance. For the most part, climbers have opted for a more rational approach to performance. Their training is managed by present-day knowledge in biomechanics and physics of exertion, and their lifestyles ignore none of the contributions nutrition and management techniques of an athletic body.

In becoming a disciplinary sport and in streamlining the practice of allowing people to sign up for well-structured competitions (championships in France, Europe, the world and the willingness to participate in the Olympic Games), climbing has distanced itself from the adventurous dimensions of mountaineering. The climber no longer puts his life at risk and no longer takes risks when clearing obstacles that took him, not long ago, into unknown and unexplored mountaintops.

This rejection of risk-taking, as well as on behalf of the climbers in the institutions in charge of the growth of this activity, is seen neither by the public nor scholars in the humanities, who persist in considering climbers as modern-day risk-takers who give sense to their lives in risking them in practices considered to be more or less suicidal.Yet, if it does not seem impertinent to consider adventure in free climbing, it seems that adventure does not lie where we expected.