I. Pêcheur d'Islande à Paimpol

Les cinq sites de Pêcheur d'Islande à Paimpol se découvrent à pied.

1. Le Port

Le quai de Paimpol, le lendemain matin, était plein de monde....

Les navires sortaient deux par deux, quatre par quatre, traînés dehors par des remorqueurs. Et alors, dès qu'ils s'ébranlaient, les matelots, découvrant leur tête, entonnaient à pleine voix le cantique de la Vierge : "Salut, Etoile-de-la-mer !" Sur le quai, des mains de femmes s'agitaient en l'air pour de derniers adieux, et des larmes coulaient sur les mousselines des coiffes. (Pêcheur d'Islande V.2)

A l'époque où Loti faisait lui-même la découverte de Paimpol, il n'y avait qu'un bassin dans le port, celui situé entre les quais Morand (celui le long duquel se trouvent les hôtels recommandés), de Kernoa et Duguay-Trouin. Si vous vous mettez à l'intersection des quais Kernoa et Duguay-Trouin, vous pouvez regarder ce bassin comme il est aujourd'hui et le comparer, sur l'ancienne carte postale ci-dessous, au bassin tel qu'il était à l'époque de Loti. Sur la carte postale, vous voyez des goëlettes, comme la Marie et la Léopoldine, qui faisaient la pêche en Islande.



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Source: Archives Berrong

Quelques-unes des belles maisons étaient autrefois maisons de riches armateurs qui ont bien bénéficié de la pêche en Islande.

2. La Maison de Gaud Mével à Paimpol

[Gaud] passait souvent ses soirées à cette fenêtre, comme une demoiselle. Son père n'aimait pas beaucoup qu'elle se promenât avec les autres filles de son âge et qui, autrefois, avaient été de sa condition. Et puis, en sortant du café, quand il faisait les cent pas en fumant sa pipe avec d'autres anciens marins comme lui, il était content d'apercevoir là-haut, à sa fenêtre encadrée de granit, entre les pots de fleurs, sa fille installée dans cette maison de riches. (Pêcheur d'Islande I.3)

Si vous quittez le port par la petite rue Romsey (ville en Angleterre à laquelle Paimpol est jumelé), vous arriverez à la Place du Martray. A votre gauche, en haut de la Place au 24, vous trouverez une maison qui date de la Renaissance (aujourd'hui le salon de coiffure Mod-Inter). Avec celle d'à-côté, aujourd-hui Dalmard Marine, cette vieille maison était autrefois l'Hôtel Continental où Loti logeait lors de ses séjours à Paimpol et qu'il transforma en la maison de Gaud Mével (et l'Hôtel Pendreff dans Mon Frère Yves).

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Source: Archives Berrong

Avec un peu d'imagination--et peut-être un peu de bon cidre breton!--vous pouvez voir Gaud à sa fenêtre, toujours en train de regarder le monde en bas auquel son père ne lui permettait pas de se joindre.

Cette belle chambre où la lettre venait de s'écrire était la sienne : un lit tout neuf à la mode des villes avec des rideaux en mousseline, une dentelle au bord ; et, sur les épaisses murailles, un papier de couleur claire atténuant les irrégularités du granit. Au plafond, une couche de chaux blanche recouvrait les solives énormes qui révélaient l'ancienneté du logis ; --c'était une vraie maison de bourgeois aisés, et les fenêtres donnaient sur cette vieille place grise de Paimpol, où se tiennent les marchés et les pardons. (Pêcheur d'Islande I.3)

Si vous avez vraiment de la chance, il vous sera permis par la propriétaire de Mod-Inter, Céline Merrer, de monter à l'étage. Là vous verrez que les solives énormes dont Loti parle existent toujours. On peut toujours voir le marché de la fenêtre, le mardi matin.

Source: Archives Berrong

3. Le Cabaret de Mme Tressoleur

A Paimpol, il y a une grosse femme appelée Madame Tressoleur ; dans une des rues qui mènent au port, elle tient un cabaret fameux parmi les Islandais, où des capitaines et des armateurs viennent enrôler des matelots, faire leur choix parmi les plus forts, en buvant avec eux....

Chez cette dame Tressoleur, on entre par une porte aux massifs piliers de granit, qui est en retrait sous le premier étage de la maison, à la mode ancienne ; quand on l'ouvre, il y a presque toujours quelque rafale engouffrée dans la rue, qui la pousse, et les arrivants font des entrées brusques, comme lancés par une lame de houle. (Pêcheur d'Islande III:15)

En sortant de Mod-Inter, vous prendrez à gauche et monterez la rue de l'Eglise. Ici, à votre gauche, vous verrez le bâtiment qui inspira la description du cabaret de Mme Tressoleur avec ses massifs piliers de granit.

Source: Archives Berrong

L'intérieur, tout refait, ne répond plus à la description dans le roman.

4. L'Ancienne église de Paimpol

Et un sentiment religieux, une impression de passé, planant sur [la procession], avec un respect du culte antique, des symboles qui protègent, de la Vierge blanche et immaculée. A côté des cabarets, l'église au perron semé de feuillages, tout ouverte en grande baie sombre, avec son odeur d'encens, avec ses cierges dans son obscurité, et ses ex-voto de marins partout accrochés à la sainte voûte. (Pêcheur d'Islande I.4)

Si vous continuez à monter dans la rue de l'Eglise, vous verrez à votre gauche ce qu'on appelle aujourd'hui La Vieille Tour. C'était autrefois le clocher de l'ancienne église de Paimpol, celle que Loti connaissait et donc celle dont Gaud voit le perron le jour du pardon. Sur cette ancienne carte postale vous la voyez tel qu'elle était à l'époque.

Source: Archives Berrong

A côté se trouve le momument Théodore Botrel (1868-1925), chanteur autrefois célèbre à Paris où il chantait en costume breton au Chat noir. On vous dira qu'il a écrit une chanson qui s'appelle "La Paimpolaise", mais on ne vous dira pas, peut-être, qu'il a écrit aussi une pièce en un acte qui s'appelle, elle aussi, La Paimpolaise, et qui présente une suite à Pêcheur d'Islande: deux ans après la fin de l'histoire que Loti raconte, Yann revient! Gaud est bien contente d'avoir attendu, et d'avoir refusé les offres de mariage qu'on lui faisait.

5. L'Ancienne Bureau de l'Inscription maritime

Un jour de la première quinzaine de juin, comme la vieille Yvonne rentrait chez elle, des voisines lui dirent qu'on était venu la demander de la part du commissaire de l'Inscription maritime....

Trottinant assez vite et menu dans ces sentiers de falaise, elle s'acheminait vers Paimpol, un peu anxieuse tout de même, à la réflexion, à cause de ces deux mois sans lettres....

M. le commissaire de l'Inscription ne se trouvait pas chez lui. Un petit être très laid, d'une quinzaine d'années, qui était son commis, se tenait assis à son bureau. Etant trop mal venu pour faire un pêcheur, il avait reçu de l'instruction et passait ses jours sur cette même chaise, en fausses manches noires, grattant son papier. (Pêcheur d'Islande III.5)

Si vous redescendez la rue de l'Eglise jusqu'à la Place du Martray, ou la rue Pasteur à la rue des Huit Patriotes (autrefois la rue de Ploubazlanec), vous prendrez à gauche. Continuez jusqu'à ce que vous ayez la rue Alfred de Courcy à droit. Le bâtiment sur votre gauche, avec les auvents verts, était, quand Loti connaissait Paimpol, le Bureau de l'Inscription maritime (Kerleveo, Paimpol et son terroir 433). C'est ici que Yvonne apprend la mort de son petit-fils Sylvestre, du commis qui se moque d'elle.

Source: Archives Berrong