IV:6

"Au bras l'un de l'autre, ils étaient beaux tous deux, marchant comme des rois, en tête de leur longue suite, marchant comme dans un rêve. Calmes, recueillis, graves, ils avaient l'air de ne rien voir ; de dominer la vie, d'être au-dessus de tout. Ils semblaient même être respectés par le vent, tandis que, derrière eux, ce cortège était un joyeux désordre de couples rieurs, que de grandes rafales d'ouest tourmentaient. Beaucoup de jeunes, chez lesquels aussi la vie débordait ; d'autres, déjà grisonnants, mais qui souriaient encore en se rappelant le jour de leurs noces et leurs premières années. Grand'mère Yvonne était là et suivait aussi, très éventée, mais presque heureuse, au bras d'un vieil oncle de Yann qui lui disait des galanteries anciennes ; elle portait une belle coiffe neuve qu'on lui avait achetée pour la circonstance et toujours son petit châle, reteint une troisième fois--en noir, à cause de Sylvestre.

Et le vent secouait indistinctement tous ces invités ; on voyait des jupes relevées et des robes retournées ; des chapeaux et des coiffes qui s'envolaient.

A la porte de l'église, les mariés s'étaient acheté, suivant la coutume, des bouquets de fausses fleurs pour compléter leur toilette de fête. Yann avait attaché les siennes au hasard sur sa poitrine large, mais il était de ceux à qui tout va bien. Quant à Gaud, il y avait de la demoiselle encore dans la façon dont ces pauvres fleurs grossières étaient piquées en haut de son corsage--très ajusté, comme autrefois, sur sa forme exquise.

Le violonaire qui menait tout ce monde, affolé par le vent, jouait à la diable"

Rudaux 237

Gumery 235

Dethomas 215

Faivre 193

Durand 2 en face de p. 160

Poirier 153

Chapman 223

Marwede 86

Kaessner 205

"On continua de marcher au-delà du hameau de Pors-Even et de la maison des Gaos. C'était pour se rendre, suivant l'usage traditionnel des mariés du pays de Ploubazlanec, à la chapelle de la Trinité, qui est comme au bout du monde breton.
Au pied de la dernière et extrême falaise, elle pose sur un seuil de roches basses, tout près des eaux, et semble déjà appartenir à la mer. ... Et le cortège de noces se répandit sur la pente de ce cap isolé, au milieu des pierres, les paroles joyeuses ou galantes se perdant tout à fait dans le bruit du vent et des lames."

Méheut 191

"la mer venait, trop près frapper ses grands coups. On voyait bondir très haut ses gerbes blanches qui, en retombant, se déployaient pour tout inonder."

Cheffer 213

"Yann, qui s'était le plus avancé, avec Gaud appuyée à son bras, recula le premier devant les embruns.... lui, semblait être venu là pour présenter sa femme à la mer; mais celle-ci faisait mauvaus visage à la mariée nouvelle."

Rudaux 241

Sylva 206

Berg 168

Poirier 157